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On s’est dit qu’il fallait jouer le tout pour le tout

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06/08/2020

Leslie et Philippe Gonçalves, co-fondateurs de Seuil architecture, ont surmonté une première fois la crise en portant haut les valeurs d’une architecture engagée. Retour sur une stratégie gagnante.

Quels sont vos parcours à tous les deux, qui vous ont amené à créer votre agence d’architecture ?

Philippe Gonçalves : je suis fils d’immigrés portugais. Mon papa était maçon et, à travers lui, j’ai côtoyé très tôt des architectes sur les chantiers. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu faire ce métier. La voie était toute tracée. Après mon bac, j’ai intégré l’école d’architecture de Toulouse où j’ai obtenu mon diplôme en 2001.

Leslie Gonçalves : de mon côté, je m’intéressais plus largement au design, à l’architecture, aux paysages. Sur les traces de mon grand-père, j’ai fait l’école des Beaux-Arts pendant 5 ans. Mais ce cursus m’orientait davantage vers un métier d’architecte d’intérieur. J’ai donc décidé d’intégrer cette même école d’architecture de Toulouse pour compléter ma formation en urbanisme et en architecture. C’est là que ma vie avec Philippe a commencé. Nous nous sommes mariés, puis nous avons eu notre premier enfant pendant mes études.

Vous avez ensuite co-fondé Seuil architecture ?

P. G. : j’ai d’abord lancé mon activité professionnelle en libéral, en 2005, sous la dénomination de Seuil architecture, le temps que Leslie finisse ses études. Puis, nous avons créé notre SARL en 2007.

L. G. : et, depuis, on se régale de travailler ensemble !

Le succès a-t-il tout de suite été au rendez-vous ?

P. G. : au départ, nous avons démarré avec de beaux projets. Mais la crise de 2008 est arrivée. Nous avions une activité très dépendante du secteur public et les commandes rentraient de moins en moins. En 2013, nous étions au bord du gouffre. Nous avons dû licencier notre équipe de 5/6 personnes. Nous avons alors fait un choix radical.

L. G. : on s’est dit qu’il fallait jouer « le tout pour le tout ». Quitte à nous relancer, il fallait le faire avec des projets qui nous correspondaient, qui répondaient à nos ambitions. Non pas en termes de taille, mais de démarche environnementale et de co-construction.

Comment est née cette vision ?

P. G. : pour mon diplôme d’architecture, nous avions réalisé plusieurs séjours en Amérique du sud, qui nous ont ouvert aux modèles du logement coopératif et auto-construit.

L. G. : puis, nous avons eu la chance, en 2013, de travailler sur un projet d’immobilier participatif, Abricoop. Cela nous a amené à complètement modifier nos façons de faire. Nous nous sommes rendu compte qu’en co-définissant les projets avec les maîtres d’ouvrage, en partageant nos responsabilités, nous pouvions aller très loin ! Désormais, c’est ce que nous privilégions : des valeurs environnementales communes, une manière de co-construire, et de placer le besoin de l’usager au cœur du projet.

Avec quels résultats ?

L. G. : à partir de 2015, cette stratégie a commencé à porter ses fruits. Les maîtres d’ouvrage ont été de plus en plus à l’écoute. Aujourd’hui, nous sommes en plein développement.

P. G. : nous devrions atteindre le million d’euros de chiffre d’affaires en 2020, et nous comptons 13 salariés. Nous avons même diversifié nos activités à travers 3 entités.

Quelles sont-elles ?

L. G. : Seuil architecture est l’agence d’urbanisme et d’architecture. Parallèlement, nous avons créé la société UNA ingénierie qui intervient sur de l’assistance à maîtrise d’ouvrage. Cette dimension est souvent décorrélée de la mission d’architecte alors que, pour nous, elle fait pleinement partie de notre métier. La troisième entité, LHAB réalisations, est née il y a un an, autour de l’activité de promotion immobilière.

Comment avez-vous géré la crise du coronavirus et la période de confinement ?

L. G. : notre première priorité a été de rapatrier notre fille qui était à Dublin. Puis, nous avons géré l’organisation de l’agence avec nos collaborateurs. Tout s’est fait très rapidement. Mais, finalement, la bonne surprise est qu’on a très bien fonctionné à distance. Par certains côtés, cette période nous a permis de nous remettre en question et nous en tirons les leçons aujourd’hui.

Et d’un point de vue financier ?

P. G.  : nous avons un trou de 3 mois minimum de chiffre d’affaires. L’impact est lourd, forcément, mais nous avons fait appel au chômage partiel et aux prêts garantis par l’État pour financer le décalage de facturation. Nous avons priorisé les projets dont les livrables étaient rapides pour assurer un minimum de trésorerie. Aujourd’hui, nous avons une dette, mais que nous espérons rembourser le plus rapidement possible.

Le spectre de la crise de 2008 revient-il ?

P. G. : nous ne sommes pas dans la même situation. La crise de 2008 a été une longue descente aux enfers avec 2 à 3 années de baisse des commandes. Aujourd’hui, nous espérons que les projets reportés se feront l’année prochaine. Et, à notre niveau, nous sommes beaucoup moins dépendants du secteur public qu’auparavant. Notre activité se fait à 40 % auprès du secteur public et 60 % auprès du secteur privé, aussi bien dans le résidentiel, le tertiaire que l’industrie.

Qu’est-ce que cette crise a révélé pour vos activités ?

L. G. : ce qui ressort de cette crise, c’est qu’on s’oriente vers davantage de frugalité, ce qui va complètement dans le sens du réemploi, de la réutilisation des matériaux. C’est un sujet que nous défendons beaucoup car il répond aux enjeux énergétique et financier. Parallèlement, elle interroge sur notre rapport à la nature. Pendant le confinement, certaines personnes étaient recluses chez elles sans voir un arbre, sans un accès à un espace naturel. Nous, qui construisons les villes de demain, nous avons une part de responsabilité. Cela fait plusieurs années que, collectivement, nous réfléchissons à détruire le moins possible le milieu naturel. Mais nous, nous pensons que ce n’est pas suffisant, qu’il faut au contraire faire en sorte de régénérer le milieu naturel.

Comment entrevoyez-vous l’avenir ?

P. G. : nous sommes plutôt confiants. Certes, nous allons devoir faire des ajustements. Deux personnes vont devoir quitter la société, une qui arrive en fin de contrat et une autre sur la partie chantiers qui a été particulièrement impactée. Mais nous sommes en ordre de marche, avec l’objectif de retrouver notre niveau d’activité dès 2021.

Fiche d’identité
Dénomination : Seuil architecture
Activités : agence d’architecture, assistance à maîtrise d’ouvrage et promotion immobilière
Chiffre d’affaires prévisionnel : 1 M€ en 2020 (clôture au 30 septembre)
Effectif : 13 personnes


©  Les Echos Publishing - 2020
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