Le serial entrepreneur, Frantz Roesch, fondateur de BiBoViNo, a développé un réseau de cavistes en misant sur un marché en plein essor : des vins haut de gamme en bag-in-box. Interview.
Comment est né le concept BiBoViNo ?
Frantz Roesch : BiBoViNo est avant tout une histoire d’entrepreneurs passionnés. Je suis moi-même un entrepreneur multi-récidiviste. Après une agence de publicité et une société de location de voiture, Ucar, j’ai créé une entreprise dans le secteur du solaire photovoltaïque, Helioprod. Les cash flows générés m’ont permis de me lancer dans cette nouvelle aventure. C’est ainsi qu’en 2012, avec Olivier Baussan, fondateur du réseau l’Occitane, Bruno Suter, ex-dirigeant de l’agence Eldorado et Michel Gillet, ancien producteur de cinéma, nous avons décidé de créer BiBoViNo avec un concept simple mais innovant : la vente de vins en poches sous vide avec un positionnement haut de gamme. Les fameux bag-in-box ou Bib. Nous avons fait appel à Bruno Quenioux, ancien responsable des caves des Galeries Lafayette, un spécialiste reconnu pour ses sélections rigoureuses et authentiques. Nous avons ouvert notre première boutique, rue Poncelet, dans le 17e arrondissement de Paris en 2013. Notre réseau compte aujourd’hui une vingtaine de points de vente, dont 3 à l’étranger, que nous développons sous licence de marque. Nous sommes en quelque sorte les premiers cavistes sans bouteille.
Une révolution dans l’univers très normé des cavistes et des amateurs de vin ?
F. R. : pas si sûr, la vente de vin en bag-in-box connaît une très forte croissance depuis plusieurs années et représente aujourd’hui 35 % de la consommation en volume en grande distribution, avec des vins de qualité industrielle. Nous n’avons rien inventé, le bag-in-box existe depuis une trentaine d’année. Nous n’avons fait qu’exploiter cette dynamique en développant une offre premium. Avec un tel mouvement de marché, il y a forcément une place pour un positionnement haut de gamme. Nous y croyons très fermement. Avec la crise, les Français consomment moins mais consomment mieux, c’est une certitude. Et puis, n’oublions pas, la bouteille en verre n’a que 300 ans. Elle n’est qu’une courte parenthèse dans l’histoire millénaire du vin.
Quelle est la recette de votre succès ?
F. R. : les clés du succès tiennent autant dans le concept minimaliste de l’enseigne permettant un développement rapide en licence (surface restreinte, décoration épurée mais haut de gamme) que dans les nombreux avantages du bag-in-box. Un Bib ouvert conserve la qualité du vin pendant plusieurs semaines voire plusieurs mois, car l’air ne rentre pas, contrairement aux bouteilles, qui, une fois ouvertes, ne se gardent que quelques jours. Autre avantage, le Bib réduit fortement tous les coûts liés à la mise en bouteille et au transport. Le prix de vente est donc inférieur de 20 à 25 % à son équivalent en bouteille. Enfin, le Bib est un produit éco-responsable puisque son bilan carbone est divisé par 8 et son recyclage est plus pratique. Notre offre compte aujourd’hui une trentaine de références, chacune en Bib de 3 litres. Cette offre est amenée à évoluer au gré des saisons et des découvertes de Bruno Quenioux.
Chez BiBoViNo, on y vient également pour boire un verre ?
F. R. : oui, bien sûr. Le développement d’une offre de petite restauration, vins au verre, planches de fromages et de charcuterie, est pour nous stratégique. Sur notre activité de caviste, les marges sont traditionnellement faibles, autour de 35 %, alors qu’elles sont bien plus importantes pour les activités de snacking.
En plus de la restauration, l’organisation de soirées privées et d’ateliers de dégustation nous permet de doubler l’activité de nos points de vente et d’améliorer sensiblement nos résultats. Cela nous permet également de faire connaître notre offre et de recruter de nouveaux consommateurs. Nous devons encore parfois lutter contre l’image négative du cubi, associée aux vins bas de gamme. C’est pourquoi nous misons tout sur la convivialité de nos magasins.
Craigniez-vous la concurrence ?
F. R. : nous nous attendons à l’arrivée de concurrents. Le concept est bien trop évident : on a seulement « prémiumisé » un emballage pour le moment destiné aux vins de qualité industrielle. Certains grands vignerons ont d’ailleurs compris, eux aussi, la demande et commencent à proposer ce type de contenant. Quelques cavistes traditionnels ont également une offre courte de vins en Bib mais il n’y a pas de gamme cohérente, représentant toutes les régions. Nous sommes pour le moment le seul réseau physique dédié exclusivement à la commercialisation de vins en Bib. En tant que premier arrivé sur le marché, nous souhaitons rapidement élargir notre réseau afin de devenir la référence du bag-in-box version prémium, toujours avec un haut niveau d’exigence de qualité.
Comment allez-vous financer votre développement ?
F. R. : nous venons de réaliser une levée de fonds d’1 million d’euros à laquelle ont participé les fondateurs et Capital & Dirigeants Partenaires. L’objectif de cette opération est d’accélérer le développement de notre réseau, en France et à l’international. Nos premiers points de vente sont déjà à l’équilibre et les cash-flows dégagés nous permettent d’envisager sereinement l’expansion de notre réseau, en France et à l’étranger, toujours sous licence de marque pour le moment.
Quels sont vos objectifs pour les prochaines années ?
F. R. : nous misons sur une ouverture par mois au cours des prochaines années pour arriver à une cinquantaine de points de vente en France, dans les grandes villes, et une trentaine à l’étranger, notamment en Belgique, aux Pays-Bas, en Italie et aux États-Unis. Pour 2016, nous prévoyons un chiffre d’affaires compris entre 2 et 2,5 millions d’euros.
Concernant nos ambitions à plus long terme, il n’est pas exclu que notre espace bar et restauration prenne de l’ampleur, convivialité oblige !
Fiche d’identité
Dénomination : BiBoViNo
Activité : caviste proposant uniquement des vins en bag-in-box
Création : 2013
Chiffre d’affaires : 1 million d’euros en 2015
Taille du réseau : 20 points de vente dont 3 à l’étranger