David Durand, gérant de la société Arti’Bain Energie, entreprise mayennaise, pionnière dans l’installation d’un showroom virtuel, offre une expérience unique à ses clients en leur permettant de s’immerger totalement dans leur futur aménagement.
Présentez-nous votre société
David Durand : j’ai créé Arti’Bain Énergie le 1er juillet 2014, mais je suis installé comme plombier-chauffagiste-électricien depuis les années 2000. D’abord sous la forme d’entreprise individuelle, puis en société depuis 2007. C’est à l’occasion de l’emménagement dans nos nouveaux locaux que j’ai changé de dénomination sociale. Auparavant, nous nous appelions l’EURL de La Futaie.
Quelles sont vos activités ?
D. D. : nous travaillons à 90 % pour les particuliers. Nous réalisons l’installation de systèmes de chauffage et d’équipements à énergies renouvelables, ainsi que l’aménagement de salles de bain. Pour les 10 % restants, nous travaillons pour des collectivités et des professionnels.
Vous êtes labellisés Handibat®. Pourquoi ce choix ?
D. D. : à l’occasion d’un projet de construction à titre d’investissement locatif mené avec ma femme, j’ai adapté le logement à la norme PMR (Personne à mobilité réduite). Je me suis alors rendu compte que la demande de cette cible, désireuse de se maintenir à domicile dans des conditions de confort adaptées, était forte et que la Silver Économy représentait des opportunités importantes pour ma société. Nous sommes installés dans le Nord Mayenne, en milieu rural, dans une région très vieillissante. Pour cette population, l’aménagement d’une salle de bains adaptée représente une alternative à la maison de retraite pour un investissement bien moindre. Il faut compter 10 000 € environ pour réaliser les travaux, avec, en outre, la possibilité de bénéficier d’aides dans certaines conditions, quand un hébergement en maison de retraite coûte, lui, 25 000 € par an.
Vous utilisez aujourd’hui un système unique de réalité virtuelle. Comment vous est venue l’idée ?
D. D. : face à la concurrence des grandes surfaces de bricolage, et pour séduire la clientèle, j’avais besoin d’un showroom pour pouvoir exposer mes produits. Mais cela représentait un effort financier trop important. Il fallait prévoir 4 à 5 espaces différents, sans compter qu’il faut les renouveler tous les 3 à 4 ans pour suivre les tendances et introduire des nouveautés. J’ai donc cherché des solutions alternatives. Un jour, j’ai assisté à une démonstration d’un système de réalité virtuelle par l’association Clarté, organisée par la CAPEB à Laval. La solution, présentée par la société Realiz, s’adressait aux gros industriels et n’était absolument pas accessible à une petite entreprise comme moi. Mais j’ai tout de suite été convaincu du potentiel…
Comment avez-vous procédé alors pour vous doter d’une telle technologie ?
D. D. : l’association m’a mis en relation avec Realiz. Je lui ai confié mon cahier des charges et elle a été séduite par mon projet. J’ai été soutenu par mon banquier et j’ai pu investir 40 000 € pour financer les développements. Nous avons mis plus de 3 ans pour faire aboutir notre projet. Mais en 2014, nous y sommes parvenus. Nous avons ainsi conçu ensemble le premier dispositif de showroom virtuel à destination des TPE/PME.
Concrètement, comment cela fonctionne-t-il ?
D. D. : dans nos nouveaux locaux, une pièce de 30 m2, équipée de 3 vidéoprojecteurs et de 8 caméras, est consacrée à la réalité virtuelle. À partir d’un plan ou de cotations prises chez le client, nous concevons, grâce à notre logiciel de modélisation, une maquette 3D de l’espace à aménager.
Chaussés de lunettes 3D, les clients peuvent ainsi complètement se projeter dans leur salle de bains. Ils disposent également de télécommandes leur permettant de manipuler les objets représentés.
Quels avantages présente ce dispositif ?
D. D. : tout d’abord, c’est un outil d’aide à la vente. La réalité virtuelle permet aux clients de se projeter concrètement dans leur futur espace et de visualiser le résultat final. Cela facilite leur décision d’investissement. Pour eux, le coût est neutre, si le projet excède les 5 000 €. Autrement, la prestation 3D est facturée 250 €.
C’est également une aide pendant la phase de conception du projet. Ils peuvent choisir en temps réel tous les éléments de leur salle de bains. Nous puisons dans la bibliothèque 3D de nos fournisseurs pour leur proposer un large choix de produits. Notre catalogue couvre 90 % des besoins de nos clients. Pour le reste, nous pouvons dessiner un meuble à la demande et l’intégrer à l’ambiance virtuelle.
Nous pouvons ainsi concevoir complètement l’aménagement en fonction des besoins des utilisateurs. Ce système est donc particulièrement adapté aux personnes à mobilité réduite ou en situation de handicap. Grâce à la réalité virtuelle, nous rectifions les aménagements au besoin, lorsqu’un lavabo est trop haut, ou une barre d’appui mal adaptée à une personne âgée ou en fauteuil roulant. Nous travaillons avec des ergothérapeutes qui nous aident à véritablement penser l’espace et vérifier que tout soit bien adapté à leur handicap. Nos clients peuvent ainsi simuler des déplacements dans cet environnement virtuel pour identifier et corriger d’éventuels défauts avec les équipes de spécialistes.
Et vous, comment l’utilisez-vous ?
D. D. : pour nous, la réalité virtuelle est essentielle pour la phase de réalisation des travaux. Elle permet d’affiner les plans avant le démarrage de la construction et éviter ainsi tout risque d’erreur. De plus, cela permet aux équipes de planifier leurs tâches avant un chantier et organiser l’intervention.
Comment la technologie est-elle accueillie par la clientèle ?
D. D. : très bien ! À l’occasion d’une journée portes-ouvertes pour le grand public que nous avons organisée, plus de 1 000 personnes se sont déplacées. Et cet engouement se retrouve dans nos chiffres. Depuis la mise en place du système, en 2014, nos ventes de salles de bains ont doublé. Nous avons ainsi recruté un technico-commercial, métreur de formation, entièrement dédié à cette activité.
Et par la profession ?
D. D. : au début, nous avons eu du mal à susciter leur intérêt. Au moment du lancement, nous avions organisé une journée portes-ouvertes pour les professionnels. Sur 105 invitations envoyées, seulement 7 ou 8 ont répondu présents ! À l’époque, la technologie était totalement méconnue. Aujourd’hui, nous sentons un intérêt grandissant. Je suis souvent sollicité pour apporter mon témoignage.
J’ai également reçu le 1er prix des Trophées de l’installateur sur le salon Interclimat l’an dernier et le trophée « Innovation technologique » au salon Digital Change cette année.
La société Realiz devrait également signer des commandes pour installer des showrooms virtuels chez des PME du bâtiment. Le mouvement semble enclenché.
Fiche d’identité
Dénomination : Arti’Bain Énergie
Activités : aménagement de salles de bains et installation de systèmes de chauffage et équipements à énergies renouvelables
Siège social : Lassay-les-Châteaux (53)
Chiffre d’affaires : 700 000 € en 2015
Effectif : 12 personnes