D’une vitre cassée qui lui donna l’idée du concept, à un groupe de près de 40 millions d’euros, Nicolas Daumont, président du Groupe Archipelle, nous donne les clés de son succès.
Quel est votre parcours d’entrepreneur ?
Nicolas Daumont : j’ai créé ma première entreprise à 19 ans. Pendant mes études d’école d’ingénieur, j’ai tout bêtement cassé un carreau de fenêtre et j’ai eu du mal à trouver un réparateur. J’ai alors eu l’idée de créer un service de mise en relation des consommateurs avec des artisans fiables et disponibles. C’est comme ça qu’est né Illico Travaux en 2000. En 2002, j’ai commencé à développer Illico Travaux en Franchise et en 2009, j’ai racheté au groupe Camif leur filiale de rénovation Camif Habitat. Fin 2015, j’ai cédé le capital de mon groupe à Maisons France Confort, premier constructeur de maisons individuelles en France, mais j’en reste le Président.
Présentez-nous votre groupe.
N. D. : notre métier est d’aider les particuliers à réaliser leurs travaux de rénovation. Nous avons aujourd’hui deux enseignes fortes, Illico Travaux et Camif Habitat, chacune avec un positionnement bien distinct.
En quoi vos deux enseignes se différencient-elles ?
N. D. : ce sont deux modèles complètement différents. Illico Travaux est un courtier en travaux. Nous mettons en avant des artisans pour permettre aux particuliers de comparer facilement les devis. Le client contracte ensuite directement avec l’artisan. Mais nous proposons également une prestation d’assistance en maîtrise d’ouvrage. Dans ce cas, nous nous déplaçons chez le client pour l’accompagner dans les différentes tâches de coordination et de suivi de chantier. Illico Travaux est positionné surtout sur des moyens travaux, type rénovation de salles de bains, cuisines, façades… avec des paniers moyens de 10 à 50 K€.
Camif Habitat, c’est un contractant général. Le client contracte directement avec Camif Habitat qui se charge ensuite entièrement de la maîtrise d’ouvrage. Nous nous occupons de tout le suivi des chantiers et des relations avec les sous-traitants. Nous intervenons surtout sur des gros travaux, type extension verticale ou horizontale. Le panier moyen se situe aux alentours des 70 K€.
Quelle est la force de votre concept ?
N. D. : notre valeur ajoutée tient en trois mots : simplicité, rapidité et garanties. Simplicité, car le client peut faire sa demande par simple appel ou via Internet. Le courtier de l’agence la plus proche se déplace alors dans les 24 h. La réactivité est aujourd’hui un facteur clé de succès. Avec Internet, on est dans l’ère de l’immédiateté. Les clients surfent sur leur téléphone ou leur iPad, déposent une demande de devis et souhaitent être rappelés immédiatement pour un chiffrage. Mais à l’inverse, ils prennent leur temps pour se décider. Ils comparent et se renseignent énormément sur le web. C’est surtout vrai pour la clientèle d’Illico Travaux qui est plus jeune que celle de Camif Habitat.
Et quelles garanties offrez-vous ?
N. D. : tous les artisans qui travaillent avec le réseau Illico Travaux sont sélectionnés sur leur expérience, leur assurance et leur solvabilité.
Nous proposons aussi une protection juridique prenant en charge tous les frais de procédure en cas de litige avec les artisans, ainsi qu’une garantie de remboursement en cas de défaillance de l’artisan. Nous venons également de mettre en ligne un système de notation des artisans avec les avis des clients. Cela nous permet de rapidement réagir et déréférencer des artisans qui ne répondraient pas aux attentes.
En ce qui concerne Camif Habitat, les prestations sont, depuis l’origine, associées à des garanties contractuelles. L’activité avait été créée historiquement pour apporter des solutions de travaux pratiques et fiables aux sociétaires de la Camif.
Comment avez-vous traversé la crise ?
N. D. : notre groupe a énormément souffert en 2011 et 2012, à contretemps de la crise des années 2008-2009. Après 10 années de belles progressions, nous avons subi de plein fouet le retournement du marché. Je ne voulais pas re-structurer mais j’ai dû m’y résoudre. J’ai mis du temps à comprendre que 1+1 devait faire 3. Nous avons alors fait jouer les synergies entre les deux enseignes et regroupé des services, notamment les services administratifs à Chauray.
Nous avons également énormément investi dans les outils informatiques. L’ensemble de ces mesures nous a permis de nous redresser de manière spectaculaire. Nous avons renoué avec les bénéfices dès 2013. En 2015, nous allons finir l’année en hausse de 10 % en travaux commandés. Une croissance tirée surtout par Illico Travaux.
Comment se portent vos différentes enseignes aujourd’hui ?
N. D. : j’ai repris Camif Habitat dans un contexte difficile, alors que la maison-mère était placée en liquidation judiciaire. Nous avons diversifié la clientèle qui était encore très dépendante des sociétaires de la Camif. Désormais, ils ne représentent plus que la moitié des clients environ. Aujourd’hui, la croissance est sur les rails. 2015 est la première année où le chiffre d’affaires est en hausse. Nous allons atteindre 37 M€ en travaux commandés contre 33 M€ en 2014. Quand j’ai racheté la marque, elle réalisait 50 M€. Illico Travaux va dépasser, elle, les 15 M€ en 2015 contre 13 M€ l’année précédente.
Où en est votre développement ?
N. D. : nous avions stoppé le développement d’Illico Travaux pendant la crise mais nous le relançons aujourd’hui. 5 agences vont ouvrir portant notre réseau à 40 agences début 2016. Notre objectif est d’atteindre près de 80 agences d’ici 2018. La priorité est de couvrir l’ensemble du territoire.
Pour cela, nous allons renforcer notre présence dans les grandes métropoles et investir les zones où nous sommes encore absents. C’est le cas par exemple en Alsace ou en Bretagne, même si nous y apportons un service à distance.
Quant à Camif Habitat, nous disposons d’un réseau de 392 maîtres d’œuvre répartis sur toute la France métropolitaine. Nous avons un bon maillage du territoire et ne souhaitons pas, pour l’instant, le développer encore plus. La priorité est à la consolidation de l’activité.
Quel profil de franchisé recherchez-vous ?
N. D. : nous recherchons avant tout des vrais managers, des gens à poigne. Il faut savoir s’imposer dans ces métiers. La dimension relationnelle est également importante que ce soit avec les clients ou les artisans. Les franchisés se rémunèrent par des commissions sur les travaux.
Quels sont vos projets pour l’avenir ?
N. D. : notre adossement au groupe Maisons France Confort nous ouvre de nouvelles opportunités. Nous allons pouvoir développer des synergies commerciales sur le marché des maisons neuves, mais aussi grâce au parc construit par Maisons de France, qui offre un nouveau champ de prospection.
Fiche d’identité
Dénomination : Groupe Archipelle
Activités : franchises de courtage en travaux et maîtrise d’œuvre
Siège : Chauray (79)
Chiffre d’affaires : 37 millions d’euros
Effectif : 49 personnes