En 3 ans, l’enseigne Médiprix a séduit une centaine de pharmaciens. Un développement rapide qui repose sur un concept original et fédérateur. Interview de Jérôme Escojido, cofondateur de l’enseigne Médiprix.
Avec votre associé Bertrand Pagès, vous dirigez l’enseigne de pharmacies Médiprix. Qu’est-ce qui vous a amené à vous lancer dans cette aventure ?
Jérôme Escojido : Bertrand et moi-même sommes diplômés de la faculté de pharmacie de Montpellier. Avant de créer Médiprix en 2016, nous avons tous les deux exercé plusieurs années en tant que pharmaciens d’officine. Pour ma part, j’ai démarré en m’associant à mon ancien maître de stage, dans une petite pharmacie installée dans l’Hérault. Au fil des années, j’ai pris des participations minoritaires dans des officines qui ont procédé à des transferts, des opérations intéressantes qui ont permis, à chaque fois, de développer significativement leur activité. Mon association avec Bertrand Pagès remonte à cette époque. Ensemble, nous avons réalisé en 2 ans pas moins de 6 transferts d’officines dans le Sud de la France.
Était-ce les prémices de l’enseigne Médiprix ?
J. E. : tout à fait ! Nous nous sommes rôdés à des projets ambitieux et avons réalisé nos premiers investissements d’envergure. L’opération réalisée à Castres, en 2016-2017, est à cet égard emblématique, avec le transfert de la pharmacie Carnot dans un vaste espace laissé à l’abandon, un ancien supermarché Lidl® (plus de 1 600 m2 en plein centre-ville). Ce qui a permis de créer, aux côtés de la pharmacie, un centre médical avec 15 cabinets médicaux et paramédicaux, un magasin de matériel médical et un opticien. La création de pôles de santé réunissant en un même lieu des médecins, des pharmaciens et des paramédicaux est un concept que l’on souhaite développer, quand l’occasion et la configuration des lieux le permettent.
Comment définissez-vous le concept Médiprix en termes de prix et d’image ?
J. E. : sur les marchés de la parapharmacie, nous avons choisi de nous positionner sur des offres à bas prix, sans devenir pour autant discounter. Nous nous alignons sur les niveaux de prix des zones de chalandise dans lesquelles nous sommes présents. Sur le plan de la communication institutionnelle, nous avons opté pour une identité originale, en décalage avec les codes habituels de l’officine. Notre mascotte, « Mademoiselle Médiprix », est une jeune femme moderne et épanouie, comme nos équipes illustrées sur nos vitrines. Notre identité visuelle associe les couleurs vertes, rouges et blanches. On retrouve notamment Melle Médiprix et la dominante rouge sur nos Instants box, premières box beauté de parapharmacie. Le graphisme Médiprix s’inscrit dans la tendance actuelle de la naturalité, car nous sommes engagés dans cette voie et nous mettons l’humain (patients, équipes, titulaires) au centre de nos préoccupations et de notre communication. Nous complétons cette charte graphique originale par une expérience olfactive (diffusion de parfum) et musicale (radio Médiprix) dans le but d’aider les patients à se sentir mieux dans nos pharmacies.
Quelles sont les valeurs de votre enseigne ? Et comment vous différenciez-vous des autres enseignes de pharmacies ?
J. E. : nous sommes reconnus et appréciés pour nos innovations permanentes et notre engagement repose sur 4 autres valeurs clés : l’éthique, le dynamisme, l’indépendance et l’éco-responsabilité.
Médiprix, ce n’est pas qu’une enseigne adossée à un groupement d’achat. Nous avons une vision à long terme, nous essayons d’imaginer la pharmacie de 2050. Quels services devra-t-elle proposer ? Quels seront les critères de choix et de fidélisation des consommateurs et des patients ? C’est la raison pour laquelle nous travaillons beaucoup sur la marque, car nous pensons que ce sera un des éléments clés de la pharmacie de demain. Avec la qualité du contact humain et les services aux clients.
Un exemple de service qui illustre cette vision ?
J. E. : à partir de cette année, nous mettons à disposition de nos adhérents des véhicules électriques qui permettront de livrer les dûs et les médicaments commandés, et d’aller chercher les patients isolés pour les emmener à la pharmacie. 3 voitures sont mises en service à Montpellier, à Lyon et à Marseille. Ce service, baptisé Médimobile®, sera généralisé en 2020 à l’ensemble de notre réseau.
Où en êtes-vous mi-2019 du développement de l’enseigne ?
J. E. : nous comptons actuellement 120 pharmacies adhérentes et prévoyons d’être 150 à la fin de l’année. Nous sommes présents sur l’ensemble du territoire national, à l’exception de l’Île-de-France et de la Bretagne. Nous mesurons l’attractivité forte de notre concept par le nombre important de demandes d’adhésion. Nous avons récemment reçu la 500e candidature !
Votre politique de recrutement est donc très stricte ?
J. E. : effectivement, nous sélectionnons en moyenne 1 pharmacie sur 4, en fonction du profil entrepreneurial du titulaire, la localisation de l’officine, son potentiel de croissance… Nous privilégions l’adhésion des pharmaciens à nos valeurs et à notre organisation. Ils s’engagent notamment à utiliser les outils que nous avons développés pour eux (LGO, appli d’étalagisme Médiplace, réseau social Ubik, consumer magazine…) et à respecter les contrats passés avec le grossiste et le génériqueur que nous avons choisis. La discipline interne est la condition requise pour bénéficier de bonnes conditions commerciales et de services adaptés à nos besoins. Nous souhaitons développer le réseau Médiprix sur des bases solides, en nous appuyant sur des pharmaciens motivés et en préservant notre indépendance financière. Nous n’avons pas besoin de nous lancer dans une course au gigantisme et n’avons donc nullement l’intention d’ouvrir notre capital à des fonds d’investissement.
Quel est le chiffre d’affaires moyen des officines Médiprix ?
J. E. : la moyenne s’établit aux alentours de 3,8 M€. La pharmacie la plus importante réalise un chiffre d’affaires de 8 M€, une vingtaine dépasse les 5 M€ et la majorité se situe entre 3 et 4 M€. Il s’agit d’un critère important, mais non rédhibitoire. Car une officine de taille aujourd’hui modeste peut présenter un grand potentiel si elle a un projet de transfert qui lui offre de belles perspectives de croissance.
Pour finir, quelles sont les prochaines étapes de votre développement ?
J. E. : nous allons lancer à la rentrée un nouveau corner dédié à une gamme de produits bio et naturels (phytothérapie, aromathérapie et huiles essentielles). Côté services, nous avons développé dans le domaine de la nutrition une nouvelle appli, MédiCoach, qui permet aux clients de poser des questions directement aux membres de l’équipe officinale. En termes d’implantation géographique, nous prévoyons d’ici 2 ans une première ouverture à Paris.
Fiche d’identité
Dénomination : Médiprix
Nombre d’officines adhérentes : 150 d’ici fin 2019
Chiffre d’affaires cumulé : 400 M€ (+ 120 M€ par an en moyenne)
Effectif : 1 000 personnes
Siège social : Pérols (34)