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Le lean construction est une avancée majeure

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31/01/2019

Comment cette quadragénaire a fait de l’entreprise familiale un groupe résolument tourné vers l’avenir et l’innovation. Entretien avec Anne-Claire Goulon, cogérante du Groupe LIVIO.

Quel est le parcours qui vous a conduit à la tête du groupe LIVIO ?

Anne-Claire Goulon : j’ai un parcours atypique en ce sens que je ne suis pas issue d’une formation technique. Diplômée d’une école de commerce, j’ai démarré dans la grande distribution. Mais je ne me sentais pas vraiment à ma place. J’aspirais à un milieu plus humain, plus proche du terrain et de la vente. Une évolution que j’ai complètement trouvée dans l’industrie. J’ai d’abord passé 12 ans dans le monde du transport où j’ai été notamment en charge de la plate-forme internationale lorraine de Mory Group, entreprise disparue aujourd’hui. Puis, j’ai repris les rênes de la direction commerciale d’une PME vosgienne, Transport MGE, avant d’être nommée Directrice Générale adjointe. Mais l’envie de relever de nouveaux challenges et le désir de devenir dirigeante m’ont rattrapé. Un souhait que j’ai concrétisé en janvier 2016 quand Frédéric Peduzzi m’a proposé de rejoindre LIVIO, un groupe de BTP vosgien de 400 salariés, fondé par son grand-père en 1938.
L’entreprise, qui s’appelait alors Peduzzi Bâtiment, sortait affaiblie de la crise. Avec Frédéric, nous avons échangé sur nos visions respectives et, finalement, nous nous sommes rejoints sur nos différences et avons décidé de co-construire le nouveau groupe ensemble.

Pourquoi avoir fait appel à vous, qui n’êtes pas issue du BTP ?

A.-C. G. : d’avoir évolué dans différents secteurs m’a appris à m’adapter rapidement, comprendre très vite l’environnement dans lequel je me trouve et poser un diagnostic précis. À mon arrivée, j’ai quand même suivi une formation de 3 semaines avec un architecte pour acquérir un minimum de socle technique et maîtriser le jargon du milieu.

Quelle était votre feuille de route ?

A.-C. G. : le groupe LIVIO s’est constitué au fil des années par croissance externe. Il fédère 11 sociétés, dont la plus petite compte 12 salariés et la plus grosse, 170. Notre champ d’intervention est très large et va du gros œuvre au second œuvre, en passant par le génie civil, les travaux spéciaux et les services comme la location d’échafaudages ou de matériels de chantiers. Nous adressons à la fois le secteur privé (65 % de notre chiffre d’affaires environ), les marchés publics et les particuliers, même si ces derniers ne comptent que pour 5 % de notre activité. Nous constituons donc un groupe rassemblant des compétences très diversifiées, avec des métiers pointus. Mais il y avait un travail de consolidation à mener pour faire de cette diversité une force. Il fallait lui apporter la flexibilité et la souplesse nécessaires pour s’adapter à un avenir de plus en plus incertain.

Quels ont été vos grands chantiers ?

A.-C. G. : nous avons créé des fonctions support transversales pour mutualiser les compétences et faire jouer les synergies. Puis, nous avons rassemblé l’ensemble des activités sous une marque ombrelle pour créer une identité commune. Notre choix s’est arrêté sur LIVIO, le nom du père de Frédéric. Nous avons alors construit notre nouvelle image autour du « Construire durable ». C’est une promesse forte que nous déclinons notamment au travers de notre politique RSE. Nous menons des actions concrètes en matière, par exemple, de sécurité du personnel, de santé au travail, d’insertion sociale. Autre point essentiel : le développement du lean construction sur nos chantiers. C’est une avancée majeure, qui nous ouvre des contrats auparavant inaccessibles à une ETI régionale comme la nôtre. Ces différentes actions nous ont d’ailleurs valu la récompense nationale RSE en 2017 pour le secteur du BTP, remise par le ministre Jacques Mézard.

Qu’est-ce que le lean construction et que vous apporte-t-il concrètement ?

A.-C. G. : il s’agit d’une méthode qui consiste à amener toutes les parties prenantes à un chantier à travailler plus efficacement ensemble. Chaque sujet est pensé et optimisé de manière à chasser tous les gaspillages. Le temps de préparation en amont ressort au double des chantiers habituels, mais au final, cela permet une économie de temps et d’argent pour le maître d’œuvre et pour nous. Nous avons, par exemple, réalisé pour Lidl un chantier en lean construction qui nous a permis de réduire nos déchets de 7 tonnes. Par ailleurs, le client a gagné une semaine de chiffre d’affaires et de notre côté, nous avons observé une baisse de 15 % du nombre d’heures travaillées. Au final, la satisfaction du client, comme celle de nos sous-traitants, a été multipliée par 3 !

Quelles ont été vos autres actions ?

A.-C. G. : nous avons revu la stratégie commerciale du groupe. Comme il nous était très difficile de prospecter de nouveaux clients sans casser les prix, nous avons orienté nos efforts sur nos clients existants, en leur proposant l’ensemble des compétences du groupe. De cette manière, nous sommes allés chercher 6 M€ supplémentaires en 2 ans. Enfin, nous avons massivement investi dans les outils informatiques pour partager les informations entre toutes nos entités.

Avez-vous rencontré des difficultés ?

A.-C. G. : quand vous prenez un virage à 90°, vous faites forcément face à des réticences. C’est vrai pour tous les milieux. Mais la principale difficulté que j’avais sous-estimée réside dans la problématique du recrutement. Nous avons mis, par exemple, plusieurs mois avant de trouver notre responsable RH. Mais au final, notre calendrier n’a glissé que de 6 mois, ce qui est peu au regard du travail effectué. L’avantage d’une ETI familiale comme la nôtre, c’est que nous prenons le temps de faire les choses bien, sans la pression des actionnaires.

Comment se passe cette gouver-nance avec Frédéric Peduzzi ?

A.-C. G. : très bien ! Nous sommes très complémentaires avec Frédéric. Mais nous sommes, avant tout, amis. Nous partageons des valeurs et une philosophie de vie communes.

Et à l’avenir, quels sont vos grands axes de développement ?

A.-C. G. : maintenant que nous sommes parvenus à bout de cette transformation, nous mettons le cap sur l’avenir. Nous suivons de près les dernières innovations technologiques et certaines, comme l’exosquelette, sont déjà adoptées dans l’entreprise. Nous réfléchissons beaucoup aux compétences nouvelles que nous devrons maîtriser dans les années à venir. Celles-ci vont profondément évoluer. Demain, un collaborateur réalisera nos devis de couverture avec un drône. Nous devrons être prêts. Nous recommençons également à étudier des dossiers de croissance externe, mais nous prendrons le temps nécessaire. Enfin, nous souhaitons entretenir et stimuler l’esprit entrepreneurial au niveau de chacune de nos sociétés. C’est primordial pour assurer le développement du groupe.

Fiche d’identité
Dénomination : Groupe LIVIO
Activités : gros œuvre, bâtiment et génie civil, second œuvre, travaux spéciaux
Chiffre d’affaires 2017 : 75 M€
Effectif : 400 salariés
Nombre de filiales : 11


©  Les Echos Publishing - 2018
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